Les fondements géopolitiques du conflit israélo-palestinien
- Ceren Cano
- 23 juil.
- 3 min de lecture
Depuis la guerre de 2006, les relations tendues entre le Hezbollah et Israël et la signature des accords d'Abraham en 2020 entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn, qui ont marqué la reconnaissance diplomatique d'Israël et une coopération accrue, ont exacerbé les tensions dans les pays arabes. Ces frictions se sont encore intensifiées après les attentats du 7 octobre. En réponse à l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023, Israël a invoqué son droit à la sécurité nationale et à la légitime défense, lançant des opérations en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Gaza, une région d'importance stratégique qui accueille des milliers de Palestiniens, a été placée sous blocus. Alors qu'Israël tente de déplacer des Palestiniens vers le désert du Sinaï et la Jordanie, la Jordanie envisagerait de suspendre le traité de paix israélo-jordanien de 1994.
Les interventions et les assauts de la coalition d'extrême droite israélienne se poursuivent dans le but de neutraliser le Hamas et le Hezbollah. Cependant, les Palestiniens, privés d'un État souverain, persistent dans leur résistance par le biais d'acteurs non étatiques. Cette dynamique oppose un État internationalement reconnu à une population confrontée aux déplacements, à la violence et au déni de ses droits politiques depuis 1948, ce qui conduit à une résistance continue contre un recours disproportionné à la force par des mécanismes non étatiques. Ce recours à la force exacerbe la crise humanitaire dans la région et amplifie les mouvements de résistance, s'attirant le soutien des puissances régionales opposées à la politique américaine.
Israël estime avoir affaibli le Hamas, qui s'est imposé comme un contrepoids à la solution à deux États. Cependant, Israël est engagé depuis près de 40 ans dans un conflit avec le Hezbollah, un groupe né après la révolution iranienne de 1979 et devenu partie intégrante du tissu social libanais suite à la marginalisation politique de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) en 1982. Malgré les campagnes de répression menées par Israël, le pays est confronté à la probabilité d'une intensification des conflits multilatéraux avec d'autres acteurs non étatiques soutenus par l'Iran. La coalition iranienne, appelée « Axe de la Résistance », comprend des groupes tels que la Résistance islamique irakienne, les Forces de mobilisation populaire, le Hezbollah libanais, les Houthis yéménites et, dans une moindre mesure, « l'ancienne autorité syrienne ». De son côté, le Liban, qui accueille près de 1,2 million de réfugiés et traverse une crise économique et politique de plus en plus grave depuis 2009, est plongé dans le chaos. Selon Al Jazeera, à ce jour, 45 361 [1] Palestiniens, dont 17 492 enfants, ont été tués, tandis qu'Israël a subi 1 139 pertes et que 251 citoyens israéliens sont retenus captifs par le Hamas, dont 101 sont toujours détenus. Le refus du Premier ministre israélien Netanyahu de négocier prolonge la captivité des otages israéliens, intensifiant l'opposition intérieure en Israël.
Après les élections américaines, la chute du gouvernement syrien a modifié la dynamique du pouvoir au Moyen-Orient, permettant à Israël de consolider son contrôle sur le plateau du Golan, conquis lors de la guerre des Six Jours de 1967. La rhétorique pro-israélienne de l'administration Trump témoigne d'une politique interventionniste réduite au Moyen-Orient, tout en maintenant son soutien à Israël. Néanmoins, ces manœuvres diplomatiques peuvent exacerber les tensions entre les acteurs régionaux et interrégionaux.
En outre, la rivalité idéologique et géopolitique entre les objectifs de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite et le régime iranien sera probablement fortement influencée par les États-Unis et la Chine. Il est donc nécessaire de suivre de près l'évolution et les changements de politique intérieure et extérieure de l'Iran.
Une nouvelle zone tampon sera inévitablement établie. Cependant, elle entraînera probablement des changements structurels dans la région, notamment compte tenu de l'intensification des manœuvres dans le contexte post-révolution iranienne et post-invasion américaine de l'Irak. Israël vise à prendre le contrôle total de la bande de Gaza et à établir sa domination sur les routes commerciales maritimes et les zones de juridiction maritime, en tant qu'allié le plus proche des États-Unis au Moyen-Orient. Contrairement à l'initiative chinoise « la Ceinture et la Route », Israël cherche à mettre en œuvre le projet du canal Ben Gourion et à explorer les ressources gazières inexploitées de Gaza afin d'obtenir un avantage stratégique dans la compétition pour les ressources de la Méditerranée orientale.
Dans ce conflit multi-acteurs – initialement dirigé contre le Hamas puis intensifié pour neutraliser le Hezbollah –, le refus d'Israël de reconnaître le droit des Palestiniens à l'autodétermination risque de renforcer les mouvements de résistance. Parallèlement, la population arabe, en sommeil, pourrait se radicaliser davantage. À terme, ce processus devrait remettre le concept d'État palestinien ou d'une éventuelle confédération au premier plan des discussions.
Références :
AJLabs. (9 octobre 2023). AlJazeera Live . Extrait d'AlJazeera : https://www.aljazeera.com/news/longform/2023/10/9/israel-hamas-war-in-maps-and-charts-live-tracker
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